Al-Islam-fi-nafsi

Hakim el-Karoui aurait adressé deux notes au président tunisien déchu Ben Ali pour l’aider à gérer la révolution de Jasmin. Des élus et des associations demandent sa démission de la direction de l’Institut des cultures d’islam.

Hakim el-Karoui, jeune Franco-Tunisien de 40 ans choisi par Bertrand Delanoë en 2010 pour diriger le gigantesque centre culturel de la Goutte-d’Or (XVIIIe) qui hébergera aussi deux mosquées d’ici à 2013, est depuis quelques jours la cible de toutes les critiques. Au mois de janvier, en pleine révolution tunisienne, il a dispensé ses conseils à l’ex-président, Zine Ben Ali pour l’aider à gérer la situation intérieure du pays.

En cause, deux notes adressées par le dirigeant de l’ICI (Institut des cultures d’islam), les 12 et 14 janvier. La dernière missive a été postée le jour même où le dirigeant déchu prenait la fuite vers l’Arabie saoudite. Dans cette note, Hakim el-Karoui suggère entre autres au président tunisien de « trouver un point de chute à l’étranger pour Ben Dhia », le deuxième homme fort du régime. Sur le sujet explosif de la corruption : « Il faut donner un signal, martèle-t-il. Faire savoir qu’une enquête a commencé. »

Dès que les notes ont été rendues publiques, élus, militants, artistes et différentes personnalités ont signé une pétition réclamant la démission d’Hakim el-Karoui, publiée sur le site Mediapart. « Nous ne pouvons pas cautionner une telle attitude, s’émeut Moussa Niambelé, le président de l’Association des musulmans de l’ouverture (AMO), chargé de porter le projet culturel de l’ICI. Les Tunisiens ont voulu rompre avec le régime de Ben Ali, comment accepteraient-ils que l’institut soit dirigé par un homme qui le soutenait? Il faut qu’Hakim el-Karoui démissionne. »

Soutenu par Bertrand Delanoë

Malgré tout, Bertrand Delanoë n’a pas l’intention de lâcher son protégé. Interrogé sur l’affaire par France Culture, le maire de Paris a répété : « Je lui fais totalement confiance. Je suis sûr qu’Hakim el-Karoui a toujours plaidé pour la démocratie, le pluralisme, la liberté d’expression, pour les droits de l’homme et qu’il a toujours été contre la corruption. Alors il peut y avoir des polémiques sur Internet, moi je ne participe pas à la chasse aux sorcières et j’essaie de voir la réalité des convictions des gens. » Dans son équipe, on estime que cette histoire « n’a rien à voir avec sa mission à l’ICI, il n’est donc pas question de le faire partir ».

Attaqué de toutes parts, le président de l’ICI s’est justifié hier dans un courrier adressé aux membres du conseil d’administration : « Que les choses soient claires, assure-t-il, je n’ai jamais rencontré l’ex-président Ben Ali […] et je souhaite de tout cœur que la révolution tunisienne réussisse […]. J’ai fait ce que j’ai pu pour contribuer à ce que le chaos et la violence ne prennent pas le dessus, et pour que la Tunisie puisse inventer son propre chemin vers la démocratie, dans la sérénité. »

Source ==> leparisien.fr