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27 Jan

Le Film "Shahada", jeunes musulmans dans le Berlin d'aujourd'hui

Publié par Al-islam-fi-nafsi  - Catégories :  #Évènements (rappel)

Signé d’un jeune cinéaste allemand d’origine afghane, ce premier film explore la culpabilité et la difficulté d’être.

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SHAHADA de Burhan Qurbani
Film allemand, 1 h 29

Faire de son film de fin d’études un premier long métrage distribué dans les salles et vendu à l’étranger est, en soi, une belle réussite. Que ce coup d’essai ait aussi été sélectionné en compétition au Festival international de Berlin (l’an dernier) relève de la prouesse. 

À n’en pas douter, Burhan Qurbani, jeune cinéaste allemand d’origine afghane, se révèle au public à travers une œuvre forte et, à 30 ans, fait preuve d’une réelle maturité en s’attaquant à un sujet particulièrement difficile.

Shahada croise plusieurs destins de jeunes hommes et femmes issus de la communauté musulmane de Berlin. Tous ont en commun une souffrance qui les amène peu à peu à la rupture dans le contexte particulier de l’islam et d’une existence ancrée dans l’Occident d’aujourd’hui.

Ismail est policier, poursuivi par le souvenir douloureux d’une bavure et sur le point d’abandonner la femme qu’il aime et son enfant. Maryam, étudiante, fille d’un imam, met fin à une grossesse non désirée, dans une semi-clandestinité qui lui fait prendre des risques pour sa santé. Sammi, cuisinier vivant seul avec sa mère, prend conscience de son homosexualité.

Une œuvre forte et riche sur la difficulté d’être

Autant de trajectoires qui mettent en exergue la difficulté pour les personnages à atteindre leur vérité, mettent à l’épreuve leur conscience, leurs idéaux et les amènent à s’accuser de déloyauté. En choisissant ce thème, Burhan Qurbani est pleinement conscient de se confronter à des questions taboues. 

« La Constitution allemande dit que l’art et l’éducation doivent être libres de toute censure, confie-t-il. Pour moi, ce qui est de l’ordre du tabou est par nature antidémocratique. Le cinéma doit être quelque chose de risqué. J’ai choisi ce sujet parce qu’il existe et que personne n’en parle. »

Si la mise en scène de Shahada laisse place à quelques séquences assez éprouvantes, le propos évite toute facilité pour laisser place à la grande complexité des situations. Avec, en arrière-plan, la figure du père de Maryam, symbole d’un islam ouvert, auquel sa fille, dévorée par le désespoir et soudainement tentée par le radicalisme, lancera : « Tu es tellement tolérant que tu as oublié d’être musulman. »

À travers ces portraits douloureux, Burhan Qurbani ne signe pas un film sur la religion, mais une œuvre forte et riche sur la difficulté d’être, la culpabilité et l’insoutenable sensation d’enfermement intérieur.
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