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24 Jan

Driss El Moudni : « Le musulman doit, encore, faire plus d’efforts que les autres »

Publié par Al-islam-fi-nafsi  - Catégories :  #Actualités sur l'islam

Driss El Moudni est le président sortant du conseil régional du culte musulman. Ce self-made- man, arrivé en France en 1973, est aujourd’hui à la tête d’une entreprise de distribution de produits hallal installée au marché- gare. À quelques mois d’élections pour le renouvellement des CRCM, Driss El Moudni plaide pour un vrai islam de France, détaché de toutes influences extérieures. Lui qui se dit modéré et fédérateur estime que, par-delà les polémiques entretenues sur l’islam, la vraie question qui se pose, c’est le vivre ensemble. 

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Être musulman aujourd’hui,  à Nîmes, est-ce facile ? 
Ce n’est pas facile du tout, en ce moment... Avec tout ce que l’on entend, ce que l’on voit, le musulman est visé par tout le monde. Bon, à Nîmes, en général, on est encore bien vu. Mais le musulman doit, encore, faire plus d’efforts que les autres. 

Un sondage révélait récemment que 42 % des Français voient dans l’islam une menace. Comprenez-vous certains motifs de crispation ? 
La population croit que tous les musulmans sont comme ceux qui commettent des attentats, des prises d’otage, au Mali, au Niger, en Égypte... Or, qui fait ça ? Une poignée de gens, quelques centaines dans le monde. Mais la vraie question qui se pose à nous, c’est le vivre ensemble. 

À propos du vivre ensemble, il y a cette loi qui a fait débat, l’an passé, sur l’interdiction du voile intégral dans les lieux publics. Qu’en pensez-vous ? 
J’étais contre le principe d’une loi qui a tendance à durcir les choses, alors qu’en fait cela concerne très peu de personnes. Celles qui portent le voile intégral à Nîmes se comptent sur les doigts d’une main. Moi, pour des raisons de sécurité publique, je préfère que l’on rentre dans les lieux publics sans le voile intégral. 
Ce n’est pas qu’une affaire de sécurité publique tout de même. Il est question aussi de la dignité des femmes concernées... 
J’ai parlé avec des femmes qui le portent, elles le font par choix personnel. Dans ma culture, cela n’existe pas. Moi, je suis contre. Ma femme, elle, sort avec juste le foulard sur la tête. 

Le problème de la polygamie heurte beaucoup de gens. Quelle est votre position ? 
Historiquement, l’islam l’a mis en place pour ne pas laisser des femmes dans le besoin. Aujourd’hui, il y a des femmes seules, de plus en plus avec la crise qui s’installe... Mais les femmes n’acceptent plus cela. C’est d’ailleurs minoritaire. C’est un faux problème. 

Revenons à Nîmes. Certains quartiers pauvres et dégradés, aux populations essentiellement d’origine maghrébine, se sont ghettoïsés. Qu’en pensez-vous ? 
Les autorités font des efforts pour améliorer l’habitat. Mais on n’accompagne pas cette rénovation d’une politique d’emploi. Les zones franches sont de fausses zones franches : des bureaux ou de simples boîtes à lettres. Si la situation de la jeunesse se dégrade, c’est lié au manque de travail. Il faut les écouter, leur proposer des solutions d’avenir. La clef, c’est l’emploi. Et je crois que la ville de Nîmes a besoin de ces quartiers. Mais c’est aussi à eux de bouger, de revendiquer pour améliorer le quotidien. S’il faut attendre toujours après les politiques, on peut attendre longtemps. 

La jeunesse qui se soulève au Maghreb.... Quelle est votre analyse de ce qui se passe en Tunisie et en Algérie ? 

Quand un clan se partage la richesse d’un pays, c’est anormal. Un peuple qui crève la faim, qui n’a pas de travail, c’est une bombe à retardement. Il n’y a aucun pays arabe où on a su lire dans l’avenir, sauf au Maroc où Mohamed VI a su anticiper. Dans ce pays, il y a des chantiers partout. Celui qui veut travailler, il le peut. Mohamed VI est un visionnaire, comme Georges Frêche l’était ici en Languedoc-Roussillon. 

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